Introduction
Quoi de neuf ?
La Guitare de Concert
Choix de votre guitare
Eléments clés
Idées reçues
Différents barrages
Sonorité
Autres critères
Les Luthiers
Ma collection
Ventes de guitares
Liens utiles
Bibliographie
Photos de barrages
Questions & réactions
A propos de l'auteur
 

Construction classique d'une guitare de concert

Principes fondamentaux

N.B. : Cette section du site a été revue et corrigée à la lumière de mes dernières lectures d'ouvrages scientifiques consacrés au comportement acoustique des guitares.

Il faut d'abord avoir à l'esprit le fait qu'ayant des aspirations élevées en tant qu'instrument pour se produire dans une salle de concert alors qu'elle est limitée tant en tessiture qu'en puissance sonore, la guitare doit compenser ses faiblesses intrinsèques par une forte capacité d'expression et la puissance évocatrice de sa palette de couleurs. Une bonne séparation des registres, un dosage précis de la vibration "sympathique" et une grande richesse harmonique sont donc les éléments primordiaux pour percevoir le phrasé musical avec clarté tout en suscitant l'extrapolation lyrique et attiser l'imagination. Les instruments les plus convaincants des meilleurs luthiers poussent très loin cette conception d'un son clair et homogène, riche et suggestif et parlent de manière belle et convaincante à nos sens.

A cette problèmatique inhérente à l'instrument, il n'y a pas, loin s'en faut, de solution unique et universelle. En effet, un nombre important de facteurs entre en ligne de compte dans la formation du "caractère" d'un instrument et le "système" complexe constitué par l'intéraction des différents composants d'une guitare classique est notoirement difficile à appréhender dans sa globalité et a fortiori à modéliser correctement. Cela a pour effet de conduire à une diversité pour ainsi dire infinie, évidente à l'écoute d'instruments tous aussi réussis fabriqués par des différents luthiers. Cette situation qui défie l'entendement de l'honnête homme, rend à vrai dire le choix d'un instrument proprement cornélien, car aucun exmplaire n'est capable de présenter toutes les qualités qu'on pourrait éventuellement rechercher. A contrario, il est tout aussi intéressant de constater à quel point des instruments fabriqués avec des essences de bois différentes par le même luthier et selon des principes de construction apparemment différents sonnent de manière similaire et trahissent la personnalité de leur créateur, révélant ainsi l'existence de partis-pris implicites et la préférence pour un type de sonorité plutôt qu'un autre.

Néanmoins l'étude des réalisations des 6 générations de luthiers issus de la tradition espagnole fondée par Antonio Torres prouve qu'au-delà de la mystique que beaucoup de luthiers ont tendance à entretenir, quelques principes fondamentaux gouvernent les qualités acoustiques de l'instrument.

Pour tenter de le comprendre intuitivement, il importe tout d'abord de remarquer que la table d'harmonie (avec son barrage) et caractérisée par ses coefficients de flexibilité longitudinale et transverse, fixée comme une membrane sur la caisse rigide de l'instrument a pour fonction de récupérer par l'intermédiaire du chevalet le maximum d'énergie vibratoire libérée par les cordes, pour l'amplifier sans trop le distordre. Le couplage de la table avec la caisse de l'instrument et la "respiration" à travers la bouche, altère et accentue la réponse harmonique du système cordes/chevalet/table (surtout dans le bas du spectre). De plus, la rigidité de l'assemblage manche-caisse sert à éviter une trop forte perte d'énergie à travers le manche et la "fuite" du son par l'extrémité de l'instrument. Sans oublier que l'instrument a besoin de l'air environnant pour délivrer le son à l'auditeur. Nous avons donc affaire à 4 couplages essentiels :

  • Couplage des cordes et du chevalet ;
  • Couplage du chevalet et de la table ;
  • Couplage de la table et de la caisse percée d'une bouche ;
  • Couplage de l'instrument et de son environnement spatial.

Le seul modèle relativement complet (quoique très simplifié) consacré à l'étude de ce système complexe date de 2002 -date relativement récente (thèse de Grégoire Dervaux), et encore ne prend-il pas en compte de nombreux facteurs fondamentaux tels que le barrage, la qualité des bois, les vibrations secondaires des autres éléments constitutifs de la caisse, les différents formes et dimensions possibles de l'instrument, etc. Il est donc exclu de rendre compte de manière exhaustive et de tirer des conclusions de l'examen "scientifique" d'un instrument, ce qui explique et justifie pleinement l'approche empirique et l'expérimentation par petits pas des luthiers.