Cette guitare a été entièrement et individuellement fabriquée à la main en 1974 par l'un des luthiers les plus renommés de la maison Yamaha (son nom, Toshio Kato apparaît en Kanji sur l’étiquette). Les instruments fabriqués par Kato, formé par des maîtres espagnols, et qui faisait partie de l'équipe initiale créée par Yamaha à la fin des années 1960 pour construire des instruments de haut de gamme, sont très recherchés. Les instruments de la série GC de Yamaha ont été joués par des artistes de renom tels que Roland Dyens dans les années 90 ou Liona Boyd, et atteignaient jusqu'à 12500 euros, avant la fermeture de l'atelier de lutherie artisanale il y a de cela quelques années. L’instrument proposé, importé d'occasion par moi-même du Japon, est de très bonne facture. A l'époque de sa construction, il était situé en milieu de gamme des instruments de concert de la marque. En dépit de son âge, son état général est bon, les bois utilisés sont de très bonne qualité et exempts de marques trop prononcées ou de fentes. Il n’a cependant pas l’aspect du neuf étant donné que c’est un instrument qui a été joué régulièrement pendant 37 ans, où tout est absolument d’origine, et qui est « dans son jus. Même l’étui est d’origine et à l’effigie de la marque.
Le volume sonore et la projection sont très conséquents, l’équilibre des registres et la clarté de l'ensemble sont bons, les basses sont substantielles et elles dégagent de l’ascendant, le médium est bien défini et plein de couleurs, et les aigus souples, bien timbrés mais sans excès. L’attaque est directe, intermédiaire entre la rondeur et le tranchant, et il n'y a pas de note "creuse". C'est pour résumer une guitare homogène, vigoureuse, et assez chaleureuse.
Son barrage léger sur une table d’épaisseur normale (2,4 mm), lui confère des qualités alliant tonicité à un son moyennement corsé, mais long. C'est un instrument à la sonorité assez brillante, tout à la fois légère et résonnante dans les aigus, autoritaire et profonde dans les basses, avec des médiums aérés mais bien présents. La troisième corde est d'une très bonne tenue et avec le bon jeu de cordes, il y correspondance quasi parfaite entre les notes identiques jouées sur la 2e et la 3e corde. La chanterelle apporte quant à elle cette touche d’acidité et de brillance qui fait contraste et permet de faire chanter l’instrument. En fait, on se situe là dans un univers proche de l'école Espagnole traditionnelle. Cet instrument possède une sonorité jolie et une lyricité qu'on ne trouve plus que rarement sur les instruments espagnols depuis les années 1970. Ses sources d’inspiration sont en fait antérieures à cette période. Cette guitare chantante se prête admirablement à tous les répertoires y compris la musique baroque, car elle est versatile et très polyvalente.